Rencontre Bibliothèque éphémère de Marie Bovo

La Danse de l’Ours

Les livres qui figurent dans cette bibliothèque éphémère sont aussi la trace d’autres lectures et les langues y dessinent un infini labyrinthe de possibles. Tandis que je lis Mandelstam en français sur la page de droite, à gauche, le texte russe est inscrit en caractères cyrilliques : entre ces pages, Rome et le monde antique, Ulysse et l’exil d’Ovide, viennent hanter les paysages russes qu’invoque le poète. Ailleurs, dans « La lumière est plus ancienne que l’amour »

Marie Bovo, Grisaille 223, 2010
Tirage ilfochrome, 130 x 161,5 cm
© Marie Bovo Courtesy the artist and kamel mennour, Paris

Les livres qui figurent dans cette bibliothèque éphémère sont aussi la trace d’autres lectures et les langues y dessinent un infini labyrinthe de possibles. Tandis que je lis Ossip Mandelstam en français sur la page de droite, à gauche, le texte russe est inscrit en caractères cyrilliques : entre ces pages, Rome et le monde antique, Ulysse et l’exil d’Ovide, viennent hanter les paysages russes qu’invoque le poète. Ailleurs, dans La lumière est plus ancienne que l’amour une peinture ne peut être vue et encore moins regardée. Soit qu’elle soit taboue ou sacrilège, soit qu’elle ait atteint les limites du visible, soit enfin que son auteur la dévore, n’étant plus capable de peindre ou de voir. Ailleurs encore, Le journal impudique élabore une rhétorique érotique par un jeu de montrer-cacher où polaroids et journaux intimes sont les vecteurs de ce qui ne doit pas se dévoiler. Et puis La soif qui tente de restituer les traits à jamais effacés par la guerre, d’un jeune soldat russe de retour de Tchétchénie, dont seuls le geste de dessiner, que le jeune homme produit inlassablement semble pouvoir apaiser les tracés du monde. Et puis comme dans les livres de l’enfance, les images, les photographies dans les livres de Sébald. On ne peut les voir car ce sont des empreintes corporelles qui lestent les caractères et alourdissent les mots d’un poids tel qu’on imagine difficilement un livre le supporter. Ces livres sont des recueils de poésie, des ouvrages de fiction ou des essais. Ils forment un ensemble discontinu, troué. Ils sont une alternative à la géographie des cartes et des frontières. Le nord et le sud s’y trouvent étonnamment mêlés, les continents y dérivent et souvent, le temps et l’espace sont soudain rendus flexibles. Il y a beaucoup de livres absents dans cette bibliothèque éphémère. Beaucoup de livres aimés, lus et peut-être oubliés. Une bibliothèque, surtout éphémère ne saurait s’achever…
Marie Bovo

Expositions au Frac
Passées
Marie Bovo, La Danse de l’ours : Du 21 mars au 13 juin 2015
Vernissage : Vendredi 20 mars 2015 de 18h00 à 20h00
Frac - plateaux 1 & 2
plateau multimédia
Commissariat : Pascal Neveux