Rencontre Bibliothèque éphémère de Lieven De Boeck

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Le 3e Plateau propose les ressources (catalogues, monographies, essais, dossier d’artiste…) et la bibliothèque éphémère de Lieven De Boeck.

L’artiste y présente une sélection d’ouvrages offrant un aperçu à la fois de son projet d’exposition, mais aussi de ses lectures et références musicales. Empruntant les mots de Roger, protagoniste du roman Maîtres anciens de Thomas Bernhard, Lieven nous parle de sa pratique de lecteur : « [...] Chez moi, depuis des années, je ne lis plus un seul livre, ici dans la salle Bordone, j’ai déjà lu des centaines de livres, mais cela ne veut pas dire que j’aurais lu tous ces livres jusqu’au bout dans la salle Bordone, de ma vie je n’ai jamais lu un livre jusqu’au bout, ma façon de lire est celle d’un feuilleteur supérieurement doué, c’est dire d’un homme qui préfère feuilleter plutôt que lire, qui feuillette donc des douzaines, parfois même des centaines de pages avant d’en lire une seule ; mais quand cet homme lit une page, alors il la lit plus fond qu’aucun autre et avec la plus grande passion de lire qu’on puisse imaginer. Je suis plus feuilleteur que liseur, sachez-le, et j’aime feuilleter tout autant que lire, des millions de fois au cours de ma vie j’ai plus feuilleté que lu, mais en feuilletant, j’ai eu au moins autant de plaisir et de véritable jouissance de l’esprit qu’en lisant. Après tout, il vaut tout de même mieux que nous ne lisions que trois pages d’un livre de quatre cents pages mille fois plus fond que le lecteur ordinaire, qui lit tout mais pas une seule page fond, a-t-il dit. Mieux vaut lire douze lignes d’un livre avec la plus grande intensité, donc de les pénétrer entièrement, comme on peut le dire, que de lire tout le livre comme le lecteur ordinaire qui, à la fin, connaît aussi peu le livre qu’il a lu que le passager d’avion le paysage qu’il survole. Il n’aperçoit même pas les contours. C’est ainsi que les gens lisent aujourd’hui, à la hâte, ils lisent tout et ne connaissent rien. J’entre dans un livre et je m’y installe tout entier, rendez-vous compte, dans une ou deux pages d’un ouvrage philosophique comme si je m’apprêtais à entrer dans un paysage, une nature, l’agencement d’un État, un détail de la Terre si vous voulez, afin de pénétrer à fond et non pas mollement, sans ardeur, ce détail de la Terre, de l’approfondir et ensuite, l’ayant approfondi, de déduire l’ensemble aussi complètement que j’en suis capable. Celui qui lit tout n’a rien compris, a-t-il dit. Il n’est pas nécessaire de lire tout Goethe, tout Kant, pas nécessaire non plus de lire tout Schopenhauer ; quelques pages de Werther, quelques pages des Affinités électives et pour finir nous en savons plus sur ces deux livres que si nous les avions lus d’un bout à l’autre, ce qui nous priverait en tout cas du pur plaisir. Mais, pour nous restreindre avec autant de rigueur, il faut un tel courage et une telle force d’esprit qu’on ne peut les avoir que très rarement et que nous-même nous ne les avons que très rarement […] ». (Thomas Bernhard, Maîtres anciens, Gallimard, 1998)

Expositions au Frac
Passées
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Du 5 mars au 5 juin 2016
Vernissage : Vendredi 4 mars 2016 de 18h00 à 20h00
Frac - plateaux 1 & 2
Frac - le 3e plateau
Partenaires : Galerie Meessen De Clercq, Bruxelles (B) ; Musée Dhondt-Dhaenens, Deurle (B) ; Onomatopee, Eindhoven (NL)