Marie Hervé

Archipel(s)

Commissaire Muriel Enjalran. En partenariat avec l’École nationale supérieure de la photographie, Arles, dans le cadre de son quarantième anniversaire.

Sous la forme d’un aide-mémoire composite et variable, l’exposition Archipel(s) réunit une collection de documents, tirages photographiques, textes et matériaux, construite au hasard d’une circulation que l’artiste engage sur les territoires de la Méditerranée depuis 2018.

Marie Hervé, Isola #457 (Santa Giulia), 2019.

Empruntant aux codes de l’archéologie et de l’archivage, le travail dessine un itinéraire entre mythes, anecdotes et mirages. Conçue en collaboration avec le designer Andrea de Chirico et l’artiste Elsa Martinez, l’exposition se construit par îles, proposant une cartographie faite de réminiscences, d’oublis, de zones marginales où souvenirs et ruines participent d’une même question : comment se tenir devant nos restes, et quelles relations entretenons-nous avec eux ?

Dans la pratique de Marie Hervé (1996, Marseille) on pourrait croire qu’elle cherche à réunir ce qui est dispersé, à regrouper ce qui est divisé, pour essayer de trouver l’origine des choses : des territoires, des groupes, des émotions, de sa propre histoire. Après des études littéraires et une école de photographie, l’artiste décide de ne pas s’attacher à un médium en particulier mais plutôt de puiser, dans le réservoir des techniques à sa disposition, les outils nécessaires à ses projets. Ainsi, en traversant des quêtes globales et collectives, elle réalise une enquête personnelle qui s’articule autour d’images (de corps, d’espaces, de ruines, de matières), de textes (des lettres, des fictions, des pensées), d’éditions (des fanzines, des livres) ou encore de vidéos (de volcans, de mer…). Ici, l’artiste se place du côté de l’autorité structurelle de la modernité en faisant appel à diverses disciplines scientifiques pour prélever, analyser, ordonner et présenter ses travaux. Sous couvert d’un rationalisme aigu – hérité peut-être d’une mère microbiologiste – Marie Hervé impose une rigueur qui ne fait rien de moins que nous duper à travers cette investigation. On découvre alors que l’artiste ne nous dit pas toujours la vérité, la maison d’édition MYTO, créée en 2021, en témoigne.

Pour son exposition Archipel(s) présentée au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’artiste a travaillé avec le designer Andrea de Chirico à la création d’une scénographie d’îlots fragmentés, servant de supports aux divers projets présentés. À la fois carte, paillasse, table ou bureau, ces structures horizontales composées de plusieurs socles émanent d’un seul bloc. La scénographie proposée « porte [cette] mémoire du bloc 1 » mais ici les fragments « s’autorisent la solitude ». L’exposition prend alors la forme d’une « joute posthume » où les combattants sont des œuvres fragments, dont les origines et les statuts sont incertains, tantôt documents, tantôt archives.

Margaux Bonopera
Commissaire indépendante – autrice

  • Frac - plateau expérimentations

    20 Boulevard de Dunkerque

    13002 Marseille

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