Comme Roosevelt Island, petit ruban de terre lové entre Manhattan et le Queens, le film A Necessary Music coule entre plusieurs voix et récits : les habitants, Robert Ashley, des extraits de la nouvelle de science-fiction d’Adolfo Bioy Casares, L’Invention de Morel (1941). Il est conçu comme un morceau de musique, et explore l’imaginaire collectif de l’île au paysage urbain utopique et des voix qui l’habitent. A Necessary Music passe d’une visée réaliste (récits et présences des habitants) à une narration imaginaire (extraits de L’Invention de Morel) : ce qui commence comme un documentaire devient une sorte de fiction ethnographique sur l’île et ses habitants. C’est aussi une recherche à l’intérieur de la représentation elle même. Histoire, mémoire, témoignage, fantasme, imaginaire, que laisse voir et entendre Roosevelt Island ?
A Necessary Music est une collaboration avec le compositeur Alexander Waterman.
Diplômée en philosophie de l’Université de Manchester, Béatrice Gibson s’installe à Bombay de 1999 à 2003. Avec Vishwas Kulkarni, elle fonde le collectif artistique « nungu » et la revue électronique d’arts et de culture éponyme. Le collectif publie et réalise une série de projets de documentation urbaine et d’art médiatique. Suite à la dissolution du collectif, Béatrice Gibson retourne à Londres où elle vit et travaille actuellement, et fait une maîtrise au sein du département Visual Cultures du Collège Goldsmiths. Sa pratique artistique se concentre sur le politique et le poétique des espaces et des lieux quotidiens. Elle fusionne architecture, art, vidéo et musique, et ses œuvres vont de la performance au film, en passant par le texte. Parmi les plus récentes, « taxi_onomy » (2005-06), une collaboration avec l’architecte Celine Condorelli ; « if the route : The Great Learning of London [A Taxi Opera] » (2007), réalisée avec le musicien et compositeur Jamie McCarthy. Au cours de l’année 2007, Béatrice Gibson a été accueillie en résidence au Whitney Museum of American Art.