
Comme pour toute tentative de liste, il y a des oublis, des manques, peut-être aussi des mauvais livres, ou bien des mauvais films qui auraient pu céder leur place à d’autres, certainement meilleurs. Mais cette énumération sélective ne
désigne pas des ouvrages ou des films incontournables ; elle définit un territoire, elle dessine un paysage ; elle fait mon portrait.
Ces livres et ces films sont ceux avec lesquels j’ai grandi et que, depuis, je n’ai cessé de relire, de revisionner. Je fonctionne « en boucle », c’est-à-dire que je peux relire vingt fois le même livre, revoir vingt fois le même film, j’y vois toujours quelque chose qui m’avait échappé ; je suis toujours étonné par une nouvelle scène, une nouvelle image. Tous ont inspiré mon travail et mon esthétique. Cela s’est fait par inadvertance. Dans les années 1980, le cinéma d’horreur et le cinéma fantastique étaient très présents, très dynamiques. C’était le début des effets spéciaux, qui étaient loin d’être bien faits mais sur moi, cela marchait. J’avais une compréhension du cinéma particulière à l’époque. Il me paraissait impossible de recréer la
réalité. Pour moi, les films étaient des documentaires, le cinéaste choisissait un personnage réel – le futur héros de son film – et le suivait à la caméra. C’est plus tard, vers 11 ans, que j’ai compris comment se fabriquait un film. Et cela a été une sorte de choc.
On ne sait jamais à l’avance l’impact qu’un livre ou qu’un film aura sur nous, mais seuls ceux qui marquent un avant et un après, comptent pour moi. Ceux dont on croit qu’ils ne parlent qu’à nous. Ceux que nous défendrons contre tous car ils nous tendent un miroir, ceux qui nous permettent de nous voir, de nous comprendre. Les livres et les films qui finalement nous définissent deviennent constitutifs de notre être et se fondent avec nos pensées, nos désirs et nos souvenirs. Marc Bauer
Les dates d’édition indiquées sont celles de l’édition originale et de la première édition française.